
Historique
Depuis une trentaine d’années, les associations destinées à venir en aide aux demandeurs d’emploi ont éclos un peu partout en France. Elles sont devenues d’autant plus nécessaires que se développait le chômage de longue durée, et, avec lui une précarisation des conditions de vie des demandeurs d’emploi. Elles sont, le plus souvent, issues de la volonté d’une personne ou d’un petit groupe.
L’Association Chôm’Actif a été créée en 1986 sur la base de la solidarité entre actifs et chômeurs. L’idée d’une association de chômeurs, à Clermont-Ferrand, est née de la réflexion d’un groupe de quelques personnes, « Face à la montée du chômage de masse que pouvons nous faire ? »
Ce groupe composé équitablement de 4 salariés et d’autant de chômeurs avait une réelle implication militante, politique, tous étant très engagés dans le monde syndical. Les trois objectifs retenus étaient :
♦ la volonté de maintenir le lien social entre chômeurs et non-chômeurs,
♦ accompagner les chômeurs dans leur recherche d’emploi,
♦ travailler au respect et à la défense des droits des chômeurs et de leur
dignité.
Chôm’Actif n’était donc pas seulement un lieu de réflexion mais aussi un lieu d’accueil. La première démarche a consisté à trouver ce lieu. Une association avait abandonné un local à Montferrand, il s’agissait d’une maison appartenant à la mairie de Clermont-Ferrand. Une demande de reprise de ce local a été faite à la mairie, qui a accepté de le céder gratuitement. Doté de trois pièces, ce local a fonctionné avec de tout petits moyens, la structure n’ayant aucune subvention de fonctionnement, les permanences étaient assurées à tour de rôle par des bénévoles. Les chômeurs pouvant assurer les permanences en journée et les actifs celles du soir. Ce n’est qu’en 1989 que l’association a pu embaucher sa première permanente salariée. La gestion du fonctionnement de Chôm’Actif était en partie possible grâce aux dons de bienfaiteurs, puis une première subvention est intervenue en 1990. Ponctuée par des soirées buffet, soirées débats et diverses animations, Chôm’Actif suivait son petit bonhomme de chemin, essayant d’apporter une aide active en matière de recherche de solution sociale ou d’emploi sans jamais oublier de faire porter la voix des chômeurs, précaires et exclus.
En 1987 Chôm’Actif a adhéré au MNCP (Mouvement National des Chômeurs et Précaires), qui a permis l’obtention de fonds ainsi que l’organisation de formation pour ses permanents.
En 1990, les militants de Chom’Actif construisaient » le mur de l’indifférence », place de Jaude, en référence au mur de Berlin, pour symboliser le fossé entre les chômeurs et la population active. Ce mur de 20 m de long a été construit et démolit le jour même.
En 1992 une fuite d’eau a entraîné la fermeture du local, sans que quiconque en ai été informé. Une véritable bagarre s’est alors engagée entre les militants de Chôm’Actif et la mairie afin d’obtenir une maison, repérée vacante, qui lui appartenait. Une revendication a alors été portée à l’occasion d’une réunion du conseil Municipal, par le biais de la remise de 4 pages de doléances distribuées aux différents conseillers, après l’intervention favorable de l’un d’entre eux, le maire a fini par céder et le local situé 52, avenue de la république à Clermont-Ferrand a était mis à disposition sous bail précaire.Bénéficiant d’une situation centrale, à proximité de la cité administrative (CAF, CPAM, CRAM…) et du Pôle Emploi, Chom’Actif dispose d’un parking, d’une cuisine et d’un local annexe. Par ailleurs 5 lignes de bus transitent par l’avenue de la République. Cette convention entre la mairie et Chôm’Actif représentait une reconnaissance de la part des politiques qui ne voyaient pas jusque là, la nécessité d’un syndicat de Chômeurs.
Dans les années 1992-1993 de nombreuses actions revendicatives furent portées par Chôm’Actif, elle se manifestaient par des occupations de locaux administratifs ou par des marches pacifiques et étaient soutenues par plusieurs collectifs ou syndicats. La décision d’une marche pacifique pour populariser le problème des chômeurs a été décidée en 1994, cette marche était organisée en croix, à partir de Clermont-Ferrand, les uns partant à l’ouest, les autres à l’est et enfin une marche partant vers le sud et l’une vers le nord. A raison de 30 km par jour, suivie par une camionnette prêtée par la mairie et par 2 voitures de la croix rouge, ces marches faisaient étape chaque soir dans une commune où elles étaient reçues par les mairies et faisaient l’objet d’un accueil toujours très chaleureux.Pour répondre aux problèmes d’alimentation auxquels doivent faire face les chômeurs et précaires, il fut décidé en 1990 d’ouvrir un restaurant associatif. C’est ainsi que depuis, chaque jour, à midi, une vingtaine de repas sont servis et accessibles, pour une somme modique, à toutes personnes sous conditions d’adhésion.
L’année 1995 fut l’année des partenariats, convention avec SNC (Solidarité Nouvelles face au Chômage), dont l’objet est le soutien financier à la création de postes ou l’accompagnement de postes déjà crées. Convention avec le CRI (Centre de Ressources contre l’Illettrisme), pour la création d’un atelier de lutte contre l’illettrisme. En juin de la même année, Chôm’Actif créait l’Association Intermédiaire, Chôm’Actif Services.
En 1996 une convention avec le Conseil Général a permis le développement d’un chantier d’insertion pour les bénéficiaires du RMI. Il s’agissait de réparer des vélos ou mobylettes qui étaient mises à la disposition des demandeurs d’emploi présentant des problèmes de mobilité pour se rendre sur leur lieu de travail.
En 1997, création de L’EURL et Entreprise d’insertion Biaujardin, dans le cadre d’une réflecxion menée par un groupe de Chôm’Actif. En ce qui concerne l’embauche de personnel permanent, l’association a souvent eu recours aux Contrats Emplois Solidarité, bien qu’elle qu’elle en critique le caractère précaire. Ainsi depuis 1988, l’effectif était en moyenne de 2 ou 3 CES, se succédant. Il a fallu attendre 2000 et la volonté du Président actuel de pérenniser les CES en les transformant en CEC.
En 1989 un poste de directrice a été créé, puis cette personne ayant pris la direction de Chôm’Actif Services, il fallait penser à embaucher un coordinateur qui aurait en charge la responsabilité de toutes les équipes. C’est ainsi qu’en 1999 fut embauché le Directeur actuel, qui assure la coordination et la responsabilité de toutes les activités de Chôm’Actif, mais aussi supplée le président (bénévole). Pour ce qui est de la partie revendicative, Chôm’Actif a toujours gardé son implication dans la défense des droits des chômeurs, son adhésion au MNCP en 1988 en est bien la volonté. De sa création à aujourd’hui, nombreuses ont été les actions et revendications portées auprès des élus, administrations, institutions et autres représentants politiques.
Sa participation à la marche Européenne des chômeurs en 1997, à l’occasion des négociations de Maastricht, a fait émerger un nouveau type de militantisme dans lequel s’engageaient des demandeurs d’emploi pour faire entendre leurs droits et proposer des solutions pour lutter contre le chômage et l’exclusion. Plus récemment l’engagement de Chôm’Actif a porté sur les négociations UNEDIC, la gratuité des transports pour les chômeurs et précaires, des participations aux manifestations pacifiques aux côtés des sans papiers, intermittents du spectacle, des rassemblements contre l’extrême droite au pouvoir, contre la guerre en Irak. Présente lors des grands sommets Européens , pour lutter contre la mondialisation (Florence récemment), l’association compte bien s’impliquer dans les grands mouvements sociaux.Aujourd’hui par la signature de conventions de partenariat, Chôm’Actif, a pu développer des actions envers les chômeurs et précaires afin de mieux les aider dans leur démarche. Le Restaurant Associatif et les animations permettent de renforcer le lien social, entre chômeurs et actifs solidaires. Sans oublier la volonté de permettre le développement d’activités culturelles à destination des personnes qui n’y ont pas accès et l’implication de Chôm’Actif à préserver l’environnement par le biais de la mise en place d’une plate forme de covoiturage.
Depuis sa création l’esprit est resté le même, être un lieu
d’accueil convivial, lutter contre les injustices sociales et développer
des actions en faveur des chômeurs. Chôm’Actif
a crée bon nombre d’emploi depuis sa création, afin de pérenniser les
contrats et les actions en développement il faut toujours trouver des
financements. C’est la raison pour laquelle les actions d’accompagnement
avait besoin d’être formalisées, ce fut possible grâce à beaucoup de
travail et de ténacité et au soutien du Conseil Général, de l’Etat
(secrétariat d’Etat à l’Economie Sociale et Solidaire), de la communauté
de communes et à l’habilitation Pôle Emploi. Mais rien n’est jamais
acquis, chaque année se pose toujours le problème de recherche de
financements, ce qui nécessite un travail administratif très lourd, avec
beaucoup de compte à rendre, en matière de taux de placement,
d’objectifs à atteindre et nuit sûrement à la vocation conviviale de
Chôm’Actif.
Témoignage d’Yves Geydon, membre fondateur de Chôm’Actif, Administrateur actuel de Chôm’Actif et Gérant de L’EURL Biau Jardin (Entreprise d’Insertion crée par Chôm’Actif).